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    11 NOVEMBRE : JOURNAL DE GERMAINE PARUIT

     

    Germaine PARUIT,

    témoignage d'une adolescente de 14 ans

     

    11 NOVEMBRE : JOURNAL DE GERMAINE PARUIT

    Voici quelques extraits des cahiers tenus jours après jours par une adolescente de 14 ans entre 1914 et 1918 à Sedan, alors occupé par les Allemands…une mine d’informations… Vous pourrez consulter l’intégralité des documents en allant sur le lien situé en bas de page.

     

     

    Mercredi 29 Juillet 1914

     

    Le Président de la République, Monsieur Raymond POINCARE, ayant abrégé son voyage en RUSSIE à cause de la gravité des événements, revient en France. A la traversée de la Mer du Nord sur le bateau « FRANCE », le Président a été salué par un torpilleur allemand de 21 coups de canon, auxquels le « FRANCE » a répondu coup pour coup. Il débarque à DUNKERQUE au milieu des acclamations de la foule. A PARIS, règne un grand enthousiasme à l’arrivée du Chef d’Etat. On crie sur son passage « Vive la FRANCE » ! Vive l’Armée ! Vive la RUSSIE ! Vive l’ANGLETERRE !

    Concert au jardin botanique le soir, par le 147° d’Infanterie.

     

    Mercredi 5 Août 1914

     

    A 6 heures du matin, 2 aéroplanes passent sur SEDAN.

    A 10 heures, un homme enlève l’affiche de chez Deutsch : « Café de la Croix de Malte – Deutsch ».

    Régiments qui sont passés dans la Grand Rue l’après-midi :

    6°, 2°, 19°, 22°, 23°, 29°, 32° Dragons, 1° 2° Cuirassiers (avec leurs cuirasses) de PARIS, 13° Artillerie et un autre régiment d’artillerie, 8° Génie, 26° Chasseurs à pied et un autre régiment de chasseurs à pied, une compagnie cycliste du 26° Chasseurs à pied (un malade), arrivés à 9 heures du soir Place Turenne.

    A 10 heures du soir, une motocyclette conduite par un militaire, passait sur le Pont de Torcy sans s’arrêter. Les soldats, sur l’ordre d’un officier : « Arrêtez-le », s’élancent sur sa machine et l’arrêtent. Le militaire a été obligé de montrer ses papiers; il fut mis en joue par un Dragon parce qu’il ne s’arrêtait pas. Il faut un sauf-conduit pour aller de SEDAN à BALAN. Une sentinelle défend aux promeneurs de s’approcher de la Mairie.

    Le gouvernement belge envoie un ordre aux départements français pour faire connaître aux sujets belges. Par cet ordre, la BELGIQUE mobilise les classes depuis 1897.

    Pluies. Grand orage le soir.

     

    11 NOVEMBRE : JOURNAL DE GERMAINE PARUIT

    Lundi 21 Septembre 1914

     

    La journée est calme. Nous voyons passer un aéroplane allemand sur un camion ainsi que des forges. Nous faisons de la broderie toute la journée. Papa est otage de 6 heures du soir à demain 6 heures du matin.

     

    Mardi 1er Février 1916

     

    En allant à l’enterrement de la grand-mère de Madeleine CHARBONNET, maman a rencontré des Russes, une femme qui sortait d’une boulangerie avec son pain, est passée près d’eux, elle s’est si bien arrangée qu’elle est passée derrière un Russe sans que la sentinelle le voie, le Russe a tendu sa main dans son dos, et a pris prestement le pain qu’elle lui donnait, après quoi il s’est mis à rire, le Boche se retourna, mais il n’avait pas vu le manège.

    Des zeppelins sont allés au dessus de PARIS (15 ou 20 victimes), sur DUNKERQUE, en réponse aux bombes lancées sur FRIBOURG..

    Il paraît qu’un souterrain du Louvre de PARIS a été incendié par accident, que les magasins réunis de NANCY sont brûlés par des bombes.

    Canon très fort : direction ouest-nord-ouest : Somme, Aisne.

    arrivée de blessés allemands.

     

    Dimanche 13 Août 1916

     

    Pétarade cette nuit. Pendant au moins 3/4 d’h, canon-revolver. Je n’ai pas peur.

    Papa va à la pêche et rapporte environ 4 livres 1/2 de poisson. Pluie.

     

    Vendredi 15 Décembre 1916

     

    Je reste couchée toute la journée, j’ai la grippe

    Il faut déclarer toutes les poules et les coqs.

     

    Vendredi 12 Janvier 1917

     

    L’histoire des Roumains a provoqué de nombreuses amendes :

    Mr le Docteur WILFROY : 50 Marks pour leur avoir serré la main. Mme BACKES : 80 M pour avoir donné des pommes. Mme GUINOT : 100 M pour avoir craché. Mr GIRARD : 50 M pour son pain. Mme RAISON : 50 M pour le pain. Mme DORIGNY: 50 M. Mlle DORIGNY : 50 M. leur femme de ménage : 50 M. accusées d’avoir donné du pain, quand, en réalité, elles n’ont rien donné. Le garçon boulanger de chez PIRARD : 25 jours de prison. Il paraît que tous ces gens se sont moqués des Allemands en allant porter leur amende. (Heureusement que nous n’avons pas été pris, nous aurions eu quelque chose tous les 4..)

    Mon corsage en laine blanche est fini.

    Défense de pêcher.

     

    11 NOVEMBRE : JOURNAL DE GERMAINE PARUIT

    Mercredi 20 Novembre 1918

     

    Toute la journée, je vais du bureau à la chambre de parrain pour porter l’argent des souscripteurs de l’Emprunt, et faire signer à parrain les pièces nécessaires.

    Il vient beaucoup de monde, on voit que l’on est victorieux, l’argent sort facilement des réserves que l’on conservait par crainte de plus mauvais jours.

     

    (Extrait du Journal de Germaine PARUIT)


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  • 21 février 1804 : Naissance du chemin de fer

     

    INVENTION DU CHEMIN DE FER

    Un train à vapeur circule pour la première fois au monde le 21 février 1804, à Pen-y-Darren, une région minière du pays de Galles, près de Merthyr Tydfil.

     

    La locomotive a été conçue par l'ingénieur des mines Richard Trevithick, passionné par la motorisation à vapeur. Elle tracte ce jour-là dix tonnes de fer et 60 personnes montées sur cinq wagons, effectuant 16 km en 4 heures et 5 minutes.

     

    Parmi quelques autres réalisations de Richard Trevithick, la locomotive «Catch me who can» (M'attrape qui peut) finira à Londres, dans un manège.

     

     

    Les mines donnent naissance au chemin de fer

     

    INVENTION DU CHEMIN DE FER

    L'idée de faire circuler des charges lourdes sur des rails remonte sinon à la nuit des temps du moins aux premières exploitations minières.

     

    Dès l'époque médiévale, en Europe, ces exploitants s'aperçoivent en effet que les charrettes de produits lourds rencontrent moins de résistance au frottement lorsqu'elles roulent sur des rails. Ces rails improvisés sont d'abord en bois et les véhicules eux-mêmes sont tirés par des chevaux.

     

    Avec le développement de la métallurgie, on remplace peu à peu les rails en bois par des rails en fer, ce qui améliore encore de beaucoup les performances de la traction.

     

    Au pays de Galles, où les fonderies ont des produits lourds à transporter, le transport sur voie ferrée apparaît très tôt comme la solution idoine. Reste le problème de la traction : doit-on se limiter à des chariots tirés par des chevaux ?

     

    L'invention de la machine à vapeur par James Watt en 1776 et les premiers engins mus par la vapeur, comme le fardier de Cugnot, laissent espérer des solutions plus performantes.

     

    Samuel Homfray, propriétaire des fonderies de Penydaren, met au défi son ami ingénieur Richard Trevithick de construire un engin capable de tracter dix tonnes.

     

    C'est ainsi qu'il conçoit la première locomotive à vapeur, avec une chaudière montée sur chariot ; la vapeur sous pression actionne un piston, lequel fait tourner un grand volant extérieur.

     

    Richard Trevithick, toutefois, néglige d'exploiter son savoir-faire. Inventeur dans l'âme, il abandonne à d'autres le passage du ferroviaire à la phase industrielle.

     

    Le chemin de fer acquiert droit de cité

     

    INVENTION DU CHEMIN DE FER

    Différents artisans se lancent dans la traction ferroviaire, pour les besoins de la sidérurgie et des mines.

     

    En 1825 est inaugurée la ligne Stockton & Darlington, dans les Midlands. Il s'agit de la transposition à l'air libre d'un chemin de fer minier, avec ses chevaux et ses machines à vapeur fixes qui tirent les wagonnets. Outre le transport du charbon, elle s'accommode du transport de voyageurs.

     

    Cette ligne très rustique est un lieu d'expérimentation capital avant la décision de construire une première ligne ferroviaire commerciale entre Liverpool et Manchester.

     

    Pour ce projet capital, les autorités locales organisent un concours, avec une récompense de 500 livres sterling, afin de sélectionner un constructeur capable de faire rouler sur rails un engin de moins de 6 tonnes à la vitesse de 16 km/h. Les concurrents doivent se prêter à une démonstration sur un circuit, à Rainhill, dans les Midlands. Le concours s'étale sur une semaine et attire des curieux de toute l'Angleterre.

     

     

    Parmi les concurrents, la «Sans Pareil» de Timothy Hackmorth atteint la vitesse de 30km/h. Son concepteur est un ingénieur qui travaille sur la ligne du Stockton & Darlington. Il prend sur ses nuits pour construire la machine dans les ateliers de la ligne. Malheureusement, le jour du concours, il joue de malchance et essuie de nombreuses pannes, réussissant tout de même à tracter 19 tonnes sur 36 km à la vitesse de 22 km/h.

     

    C'est finalement Georges Stephenson et son fils Robert qui remportent la récompense avec leur locomotive, «The Rocket» (la «Fusée»), plus performante et ingénieuse, avec des astuces techniques empruntées à la «Sans Pareil».

     

    Elle prend l'apparence que l'on connaît depuis lors aux locomotives à vapeur, avec une chaudière horizontale, un foyer à l'arrière et une cheminée à l'avant. Sa chaudière tubulaire multiplie par quatre la production de vapeur par rapport aux simples chaudières. Un «tender» contenant l'eau et le charbon est attelé à l'arrière de la locomotive. D'un poids d'à peine plus de 4 tonnes, elle roule jusqu'à 56 km/h. C'est le premier record du monde de vitesse.

     

    Georges Stephenson fournit donc les premières locomotives de la ligne commerciale Liverpool-Manchester, laquelle fait chuter de moitié le prix des marchandises lourdes vendues à Manchester. La ligne s'avère très rentable pour les actionnaires de la compagnie. Le succès est tel que bientôt, Stephenson n'arrive plus à fournir.

     

    Le chemin de fer, source de profit sans pareille

     

    En 1835, c'est à une locomotive fournie par les établissements Sharp & Roberts que revient la gloire de franchir la barre des 100 km/h. La nouvelle fait sensation et commence à inquiéter les professionnels du transport (diligences, coches d'eau etc).

     

    Dans les années qui vont suivre, ils ne vont avoir de cesse de multiplier les obstacles à la construction de lignes, voire de saboter les chantiers, en Angleterre comme ailleurs.

     

    Mais rien n'y fait. Il faut dire qu'en dépit d'investissements importants, les promoteurs du chemin de fer réalisent des profits colossaux, jusqu'à 50% par an, tant dans le transport de marchandises que dans celui de voyageurs. Les investisseurs et les épargnants se laissent griser par ce secteur aux allures d'eldorado.

     

    Déjà la technologie ferroviaire franchit la Manche et atteint le Continent. Des lignes à usage minier ou de démonstration sont réalisées en Belgique et en France.

     

    Les Belges inaugurent une première ligne pour le transport des voyageurs entre Bruxelles et Malines, le 5 mai 1835

     

    La même année, le 7 décembre 1835, une première ligne de 6,4 km est ouverte en Allemagne, entre Nuremberg et la ville voisine de Führt.

     

     

    En France, une première voie ferrée a été ouverte en 1827 pour le transport des marchandises, entre Saint-Étienne et Andrézieux (18 km), deux villes du bassin industriel et minier de la Loire. Elle a été étendue aux voyageurs en 1832. Puis est ouverte en 1835 la ligne Saint-Étienne-Lyon (57 km), pour le transport de marchandises lourdes et de produits sidérurgiques.

     

    Le 24 août 1837, en avance de quelques mois sur le roi Louis 1er de Bavière, la reine Marie-Émilie, épouse de Louise-Philippe 1er, inaugure la première ligne française dédiée au transport de voyageurs. Cette ligne relie Paris à Le Pecq (18 km). Elle est dix ans plus tard prolongée jusqu'à Saint-Germain-en-Laye, de l'autre côté de la Seine.

     

    En 1842, sur la ligne Paris-Versailles se produit le premier drame ferroviaire de l'Histoire : 55 morts. Malgré son caractère spectaculaire et inédit, il ne remet pas en cause la confiance des banquiers et de l'opinion publique dans ce nouveau mode de transport.

     

    En 1848, à la veille de faire sa révolution industrielle, la France compte déjà près de 2000 km de voies ferrées. En 1860, l'Allemagne en a quant à elle 11.000.

    André Larané (Hérodote.net)


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    RELIGION: TOUTES LES CROYANCES

    HÉRODOTE, LE "PÈRE" DE L'HISTOIRE

     

     

    Toutes les croyances du monde

     

    Depuis qu'ils sont en mesure de réfléchir, les êtres humains s'interrogent sur l'origine du monde, leur place dans la création et le sens de leur existence. Pour la plupart, hier comme aujourd'hui, il apparaît inconcevable de vivre dans l'ignorance de leurs origines ou/et en n'ayant d'autre but que de satisfaire au jour le jour les besoins physiologiques. Beaucoup ressentent aussi le besoin de se concilier le sort et de se rassurer sur leur avenir...

     

    Les religions, ensembles de croyances, de mythes et de pratiques (célébrations, rituels alimentaires, inhumation...), sont le fruit de ces exigences. Elles sont aussi un facteur de cohésion sociale. Le mot même de religion, qui vient du latin relegere, aurait même origine que le mot relier selon certains linguistes... La religion est à l'origine ce qui relie et rapproche les hommes entre eux.

     

    Curieusement, dans la Rome antique, le magistrat qui avait en charge l'organisation des cultes était aussi celui qui, dans les premiers temps de la cité, s'occupait de la gestion des ponts. On l'appelait pour cela pontife (le titre demeure attaché au pape, chef suprême de l'Église catholique). Toutes les grandes religions actuelles sont nées, notons-le, dans le sous-continent indien ou le Moyen-Orient.

     

    Panthéisme, polythéisme

     

    Les premiers hommes ont conçu le monde comme un ensemble divin. Cette croyance s'exprime par le terme : panthéisme (du grec pan, tout). Dans le panthéisme, le dieu créateur est le monde lui-même et toutes les composantes du monde possèdent une parcelle de divinité. Dans leurs moments de frayeur ou de crainte, les hommes invoquent la protection de l'une ou l'autre d'entre elles (divinité de la foudre, des moissons, de la chasse, de la pluie...). Souvent, ils se tournent vers les sorciers ou chamans pour apaiser les éléments ou deviner l'avenir... Les religions qui prêtent une âme divine à tous les éléments de l'univers : rochers, rivières... peuvent être dites aussi animistes (du latin anima, souffle vital). Le shintoisme, religion officielle du Japon, est la plus connue des religions animistes.

     

    Les premières cités, il y a environ 10.000 ans, avaient chacune un dieu ou une déesse attitré. Ces cités se sont rapprochées pour constituer des États importants, comme en Égypte, ou pour commercer entre elles, comme en Grèce, en Arabie... Leurs habitants ont alors pris l'habitude de prier indifféremment les dieux de l'une ou l'autre cité. C'est ainsi que s'est développé le polythéisme, religion qui admet l'existence de plusieurs dieux ou divinités (le mot polythéisme a été forgé avec les mots grecs polus, nombreux, et theo, dieu). L'hindouisme est la principale religion polythéiste d'aujourd'hui (et la troisième religion par le nombre de ses fidèles, près d'un milliard). L'hindouisme compte des dissidences comme le jaïnisme, minoritaire mais influent.

     

    Le polythéisme et le panthéisme se sont épanouis dans les communautés en contact avec une nature exubérante ; dans les pays de la mousson, dans les forêts, le long des rivages tempétueux de la Méditerranée.

     

    Monothéisme

     

    Les horizons plus sereins et semi-arides du Moyen-Orient, des plateaux iraniens et de l'Égypte ont vu la naissance de religions fondées sur un Dieu unique et tout-puissant, existant de toute éternité.

     

    À la grande différence des divinités panthéistes, ce Dieu est extérieur au monde, transcendant. Ce Dieu est au cœur des religions dites monothéistes. Les religions de l'Égypte pharaonique constituent une transition entre le panthéisme des origines et le monothéisme. Isis et Osiris, dieux principaux des Égyptiens, sont partie prenante d'une divinité supérieure représentée par le Soleil, Rê ou Aton.

     

    Vers 1200 avant JC, une communauté originaire de Chaldée et établie dans la vallée du Nil a émigré vers la Palestine sous la conduite d'un chef mythique nommé Moïse. Celui-ci a renouvelé la foi religieuse de sa communauté, les Hébreux. Il a imposé un monothéisme strict, le premier sans doute (d'après les mots grecs mono, unique, et theo, dieu).

     

    Sur les plateaux iraniens est né aussi vers 600 avant JC une confession monothéiste originale et puissante, le mazdéisme ou zoroastrisme, qui professe l'immortalité de l'âme et est organisée autour d'un clergé de mages chargés d'interpréter les révélations divines. Après avoir séduit la Perse ancienne, cette religion ne rassemble plus qu'un très petit nombre de fidèles.

     

    En Judée, à l'époque de l'occupation romaine, un prédicateur du nom de Jésus attire les foules... Ses disciples présentent comme Dieu, Fils de Dieu. Sous l'influence de Paul de Tarse, le christianisme rompt avec le judaïsme et devient une religion à vocation universelle, proclamant pour la première fois l'unité de tous les hommes en Dieu, sans distinction de sexe, de statut ou de race.

     

    Six cents ans plus tard, dans le désert d'Arabie, un prophète, Mahomet, se proclame envoyé de Dieu et fonde la troisième des grandes religions monothéistes, l'islam. Comme le christianisme, avec lequel elle entre en concurrence, c'est une religion à vocation universelle. Il s'ensuit dans le monde euro-méditerranéen une scission du monde occidental entre société islamique et société chrétienne. Christianisme et islam sécrètent régulièrement des dissidences. Ainsi sont apparus à l'époque contemporaine l'Église des Mormons et le bahaisme.

     

    Le monde chinois, qui représente selon les époques le cinquième ou le quart de l'humanité, adhère en partie, depuis deux millénaires, à la doctrine de Bouddha, un prédicateur indien du VIe siècle avant JC. Le bouddhisme ignore le concept de Dieu. Il ne se soucie pas de l'existence éventuelle d'un Dieu et l'on pourrait le dire... agnostique (un mot forgé avec le suffixe privatif grec a- et le mot gnosis qui désigne la connaissance).

     

    Cette religion est à proprement parler un «athéisme», fondé sur une cosmogonie subtile et de grandes exigences morales. Rien à voir toutefois avec l'athéisme laïc qui s'est en bonne partie substitué à la foi chrétienne en Europe et se traduit par l'indifférence à l'égard des interrogations métaphysiques sur le sens de la vie et la création du monde.

     

    À l'encontre des lieux communs qui ont cours en Europe, notons que la religion n'a pas de responsabilité directe dans la plupart des grandes tragédies qui ensanglantent périodiquement la planète. Ainsi est-elle totalement absente des grands drames du XXe siècle (plus de 100 millions de victimes) : guerres mondiales, répressions nazies et communistes, génocides (les Juifs, comme les Arméniens et les Tutsis, n'ont pas été exterminés en raison de leur religion mais de leur prétendue «race»).

    Herodote.net

     

     


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  • Giuseppe Verdi (1813 - 1901)

    Le compositeur aux vingt-huit opéras

     

    VERDI : NABUCCO

    Il est six heures et demi du matin quand le char funèbre, sans fleurs ni couronnes, traverse la via Manzoni de Milan. Le ciel brumeux du 30 janvier 1901 voit passer la dépouille du grand compositeur italien Giuseppe Verdi.

     

    Quelque deux cents personnes ont été autorisées à le suivre jusqu’au cimetière monumental où repose déjà son épouse, Giuseppina.

     

    Une foule considérable a pris place tout au long du trajet, formant une double haie. Un mois plus tard, les deux dépouilles sont transportées dans la crypte de la maison de repos des musiciens, hospice financé par Verdi, de son vivant.

     

    Trois cent mille Milanais se pressent autour du char monumental. Huit cents choristes accompagnés par la Scala entonnent le Va pensiero de Nabucco, l’opéra qui apporta, à tout juste trente ans, la gloire au grand maître et réveilla une nation en quête d’elle-même. L’un et l’autre semblaient prédestinés à ce destin qui allait devenir commun.

     

    Camille Barbe

     

    Une vocation précoce

    Fils d’un couple de paysan-aubergiste du hameau des Roncole dans la commune de Busseto, près de Parme, dans la plaine du Pô, Giuseppe Verdi est né le 10 octobre 1813.

     

    Très tôt, il se passionne pour l’art musical, l’auberge voyant passer les brigades de musiciens qui vont de village en village. Le vieux Baistrocchi, maître d’école et organiste de l’église, encourage notamment ce goût, à grand renfort de leçons particulières.

     

    À dix ans, le jeune Giuseppe est admis au lycée, grâce à l’insistance d’Antonio Barezzi, riche marchand de liqueurs et directeur de la Filarmonica, l’orchestre de Busseto. Dans sa propre maison, l’enfant prodige s’exerce sur le piano-forte à queue.

     

    Lorsqu’il a quinze ans, il réécrit l’ouverture du Barbier de Séville de Rossini, représenté au théâtre de Busseto.

     

    De nombreuses compositions suivent. De temps en temps, aussi, le jeune homme remplace son professeur, Provesi, à son pupitre de chef d’orchestre de la Filarmonica.

     

    C’est à cette période que Verdi s’éprend de l’une des filles de Barezzi, Margherita. Bien que les parents de la jeune fille voient la relation d’un bon œil, les bonnes mœurs de l’époque ne peuvent tolérer que les deux jeunes gens vivent sous le même toit : Verdi est envoyé à Milan pour ses études.

     

    Il se présente au Conservatoire mais, lors des épreuves d’admission, la mauvaise position de ses mains au piano entraîne le refus sans appel du jury. Cet échec le laisse meurtri.

     

    Prenant un professeur particulier, Vincenzo Lavigna, compositeur et chef d’orchestre à la Scala, Verdi travaille alors sans relâche.

     

    Il se rend régulièrement à l’opéra pour y entendre les œuvres des compositeurs contemporains, Donizetti, Mercadante, Ricci. En trois ans, l’élève apprend tout ce qu’un musicien de métier doit connaître en termes de technique instrumentale et écriture musicale.

     

    De retour à Busseto, Verdi obtient, à la mort de Provesi, la charge de maestro di musica. Ce poste est la clé de son mariage avec Margherita, qui a lieu le 5 mai 1836. Sa femme accouche d’une petite fille, Virginia, en mars de l’année suivante. En juillet 1838, un petit garçon, Icilio Romano, né à son tour.

     

    La mort brutale des deux enfants à seize mois, puis de Margherita en 1840 faillit avoir raison des débuts prometteurs du compositeur.

     

    Installé à Milan depuis 1839, Verdi a joué son premier opéra, Oberto, grâce au soutien de la prima donna assoluta Giuseppina Streponi et de Merelli, directeur artistique de La Scala. Mais ce succès est suivi du fiasco de l’opéra-bouffe Un giorno di regno, une commande à laquelle le jeune homme, abîmé dans ses deuils, n’a pu se dérober.

     

     

     

    Le chantre de la nation italienne

    Le musicien menace de sombrer dans le désespoir lorsque Merelli lui remet un livret de Solera intitulé Nabucco. Le 9 mars 1842, à la Scala, le triomphe de cette œuvre aux accents patriotiques va décider de sa carrière. Les vers fameux : «Va, pensiero, sull’ali dorate» (Envole-toi, pensée, sur tes ailes dorées) sont sa planche de salut.

     

    L’opéra mobilise en effet les Italiens contre l'oppression autrichienne, comparée à celle des Hébreux déportés à Babylone (curieusement, une décennie plus tôt, c'est aussi un opéra aux accents patriotiques qui a entraîné l'indépendance de la Belgique).

     

    Verdi a trente ans et devient pour ses contemporains le chantre de la liberté et de l’unification italienne.

     

    À tel point que le poète Giuseppe Giusti lui écrit, le 19 mars 1847 : «Le type de douleur qui occupe aujourd’hui nos âmes, à nous Italiens, est la douleur d’un peuple qui aspire à un meilleur destin. C’est la douleur de celui qui est tombé et qui désire se relever. C’est la douleur de celui qui, plein de regrets, veut sa propre régénération. Accompagne, mon cher Verdi, de tes nobles harmonies, cette douleur grandiose et solennelle. Fais en sorte qu’elle se nourrisse, qu’elle se fortifie, et conduis-la à son but».

     

    Le compositeur devient un personnage public dont les salons se disputent l’honneur de sa présence. Il est l’homme à la mode. On s’habille à la Verdi, on se coiffe et se fait tailler la barbe à la Verdi.

     

    Réclamé par tous les théâtres, de Paris à Rio de Janeiro en passant par Copenhague et Istanbul, le compositeur s’engage dans une frénésie créatrice épuisante, entrecoupée d’accès de dépression, d’angoisse et de maux de gorge. I Lombardi alla prima Crociata, Ernani, I Due Foscari, Giovanna d’Arco, Alzira… Avec Attila, créé en 1846, Verdi prend soin de mieux respecter la vérité historique, jusqu’ici égratignée. Le succès est considérable.

     

    Avec Macbeth, il tranche radicalement avec les opéras précédents, se convertissant au drame intime. L’accent est mis non plus sur les sentiments collectifs, joies et peines d’un peuple mais sur les passions et événements tragiques vécus par des individus dont les ressorts psychologiques sont mis en avant.

     

    Cet opéra préfigure une nouvelle ère dans l’œuvre créatrice de Verdi, marqué plus tard par Luisa Miller et La Traviata, notamment.

     

    Lorsque Milan se soulève, le 18 mars 1848, Verdi est à Paris où il a rejoint Guiseppina Strepponi, qui deviendra sa compagne.

     

    La guerre éclate le 23 avril 1859.

     

    Le slogan «Viva V.E.R.D.I» est alors repris dans toute l’Italie. Il s’entend comme «Viva Vittorio Emanuele Re D’Italia», en référence à la phrase de Victor-Emanuel II, lancée devant le Parlement du Piémont : «Respectueux des traités, nous ne pouvons cependant pas ne pas entendre le cri de douleur qui monte vers nous de toute l’Italie».

     

    L’unité italienne enfin réalisée en 1860, le Premier ministre Cavour organise l’élection des députés au premier Parlement national. Verdi se laisse élire le 30 janvier 1861, plus par conscience patriotique que par goût. C’est là son seul engagement politique à proprement parler.

     

     

     

    Il préfère de loin s’exprimer à travers les mélodies. Elles allient, avec le temps, tradition et modernité. Ainsi crée-t-il  La Forza del destino pour l'opéra de Saint-Pétersbourg et Les vêpres siciliennes pour l’Opéra de Paris, «la grande boutique» ainsi qu’il le nommait.

     

    Verdi atteint le sommet de son art avec Aïda, créé pour le nouvel opéra du Caire à la fin 1871, à la suite de l'inauguration du canal de Suez. Lorsque l'oeuvre est plus tard reprise à La Scala, le compositeur est rappelé trente-trois fois et reçoit, sur scène, une baguette d’ivoire ornée d’une étoile de diamant.

     

    Le magnifique Requiem, composé en 1874, en hommage au grand poète Alessandro Manzoni, bouleverse à son tour les cœurs sensibles à ce chant de la douleur devant le mystère de la mort.

     

     

    De retour dans son domaine de Sant’Agata, Verdi ne s’occupe plus que de culture et d’élevage. Il ne reprend le chemin de l’opéra qu’en 1887, avec Otello. À nouveau, le triomphe est complet, comme il le sera en 1893 avec Falstaff.

     

    La mort de Guiseppina en 1897 le laisse dans une solitude ponctuée de la présence de ses proches, où, malgré tout, les notes de musique ne se font plus entendre. Des notes d’un génie qui s’était donné pour mission de défendre le Risorgimento et la dignité de l’art lyrique italien.

    (HERODOTE.NET)


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