• LE FAUCON ET LE CHAPON (VIII - 21)

    Le Faucon et le Chapon

    Livre VIII - Fable 21

     

    LE FAUCON ET LE CHAPON (VIII - 21)

     

    Le point de départ de cette fable est le « Livre des Lumières » de Pilpay et plus spécialement l’ « Histoire du Faucon et de la Poule ». Voici la moralité que tire le sage indien de son apologue « J’ai rapporté cette fable pour vous montrer que ceux qui veulent s’attacher à la cour n’en connaissent pas les désagréments ».

     

    Une traîtresse voix bien souvent vous appelle;

    Ne vous pressez donc nullement :

    Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en,

    Que le chien de Jean de Nivelle.

    Un citoyen du Mans, chapon de son métier,

    Etait sommé de comparaître

    Par devant les lares du maître

    Au pied d'un tribunal que nous nommons foyer.

    Tous les gens lui criaient, pour déguiser la chose,

    « Petit, petit, petit !» mais, loin de s'y fier,

    Le Normand et demi laissait les gens crier.

    « Serviteur, disait-il ; votre appât est grossier :

    On ne m'y tient pas, et pour cause.»

    Cependant un faucon sur sa perche voyait

    Notre Manceau qui s'enfuyait :

    Les chapons ont en nous fort peu de confiance,

    Soit instinct, soit expérience.

    Celui-ci, qui ne fut qu'avec peine attrapé,

    Devait, le lendemain, être d'un grand soupé,

    Fort à l'aise en un plat, honneur dont la volaille

    Se serait passée aisément.

    L'oiseau chasseur lui dit : « Ton peu d'entendement

    Me rend tout étonné. Vous n'êtes que racaille,

    Gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien.

    Pour moi, je sais chasser, et revenir au maître.

    Le vois-tu pas à la fenêtre ?

    Il t'attend : es-tu sourd ? Je n'entends que trop bien,

    Repartit le chapon ; mais que me veut-il dire ?

    Et ce beau cuisinier armé d'un grand couteau ?

    Reviendrais-tu pour cet appeau ?

    Laisse-moi fuir, cesse de rire

    De l'indocilité qui me fait envoler

    Lorsque d'un ton si doux on s'en vient m'appeler.

    Si tu voyais mettre à la broche

    Tous les jours autant de faucons

    Que j'y vois mettre de chapons,

    Tu ne me ferais pas un semblable reproche.»

     

     

     

    Nivelles est une charmante petite cité du Brabant wallon, en Belgique. L’expression exacte est « C’est le chien de Jean de Nivelles (ou Nivelle) qui s’enfuit quand on l’appelle ». En fait il s’agirait de la déformation de l’expression « C’est ce chien de Jean de Nivelle qui s’enfuit quand on l’appelle », allusion à la fuite du dit Jean qui, malgré la demande de son père refusa de marcher contre le duc de Bourgogne.

     

     

    Chapon : coq châtré que l’on engraisse ; ceux du Mans étaient particulièrement renommés.

     

     

    Lares : chez les Romains, dieux du foyer.

     

     

    Le Normand et demi: Le proverbe dit « Un Manceau vaut un Normand et demi ». (« La Fontaine - Œuvres complètes, tome I » ; préface par E. Pilon ; édition établie et annotée par R. Groos et J. Schiffrin ; NRF Gallimard ; bibliothèque de la Pléiade ; 1954, p. 751). Or, les Normands passaient pour particulièrement méfiants.

     

     

    Manceau : habitant du Mans (et aussi de sa région).

     

     

    Le vois-tu pas : ne le vois-tu pas.

    « 24è DIMANCHE ORDINAIRE (C)LE PAPE AUX PRÊTRES DE ROME »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 18 Septembre 2013 à 10:01

    Je ne connaissais pas cette fable.Merci pour toutes les explications qui suivent.

    Peut-être bien vraie , la morale de cette fable.

    Amitiés

    Nicole

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