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    La tension monte autour du « mariage pour tous »

     

     

    MANIF POUR TOUS : LA TENSION MONTE

     

     

     

     

     

     

    Après son adoption vendredi au Sénat, le projet du gouvernement sera examiné dès mercredi à l’Assemblée nationale en vue d’être adopté définitivement.

     

    Les opposants au texte ont multiplié manifestations et coups d’éclat ce week-end pour protester contre cette accélération du calendrier.

     

    Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a mis en garde l’UMP contre une « radicalisation ».

     

     

     

     

     

    C’est une véritable course de vitesse qui est désormais engagée entre le gouvernement et les opposants au mariage pour tous, sur fond de montée des tensions entre les deux camps. Soucieux de clore un débat qui avive les divisions dans le pays et peut-être inquiet par un possible retournement de l’opinion dans ce domaine – 55 % des Français se déclarent opposés à l’instauration du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels dans un sondage BVA pour Le Parisien magazine publié vendredi –, l’exécutif a décidé d’en finir au plus vite avec ce texte controversé.

     

    Adopté vendredi matin au Sénat, le projet de loi sera examiné non plus fin mai comme prévu initialement mais dès mercredi à l’Assemblée nationale. Avec l’objectif qu’il soit adopté définitivement dans la foulée. En effet, un certain nombre d’articles dont le plus symbolique, l’article 1 qui ouvre le mariage aux couples de personnes de même sexe, ayant été adopté « conforme » au Sénat, ils ne seront plus soumis à la discussion. Par ailleurs, les modifications introduites par la Haute Assemblée qui visaient à apporter un certain nombre de précisions ou de consolidations juridiques au texte afin d’éviter

     

    tout risque d’inconstitutionnalité, l’ont été en accord avec le rapporteur de la loi à l’Assemblée nationale et la chancellerie.

     

    Rien ne s’oppose plus en théorie à ce que l’Assemblée nationale adopte le texte dans les mêmes termes, mettant ainsi fin à son examen.

     

    Les socialistes envisageraient même de recourir au « temps programmé » qui permet de fixer une durée maximum aux débats afin d’éviter, en deuxième lecture, une prolongation de la discussion provoquée par la multiplication des amendements déposés par l’opposition. Erwann Binet, le rapporteur PS du texte, n’y serait « pas défavorable », car il permettrait quand même, selon lui, « plusieurs dizaines d’heures de débats » a-t-il justifié. La conférence des présidents qui se réunit ce matin devrait arrêter le calendrier et discuter la possibilité pour l’Assemblée de travailler,durant le week-end. Un conseiller de Claude Bartolone pariait ainsi, samedi, sur une adoption définitive à la fin de la semaine. Cette accélération du calendrier a fait bondir l’opposition. Le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a aussitôt dénoncé un « coup de force parlementaire». Cette décision est « stupide », a jugé hier l’ancien premier ministre François Fillon, pour qui elle « va encore radicaliser un peu plus le débat ». « Le président de la République prend le risque d’une confrontation violente avec les Français », a de son côté mis en garde le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Christian Jacob. « On voudrait durcir le débat et le rendre violent, on ne ferait pas mieux », a estimé Hervé Mariton, orateur de l’UMP sur ce texte.

     

    Furieux de se voir couper l’herbe sous le pied, les opposants au projet regroupés dans le collectif « La manif pour tous », qui avaient programmé une manifestation le 26 mai, ont multiplié manifestations et coups d’éclats durant tout le week-end dans un climat de forte tension. À Paris, vendredi soir, une manifestation près du Sénat regroupant plusieurs milliers de personnes a été dispersée par la police. Samedi, à Nantes, plusieurs centaines de militants ont perturbé les journées organisées par Le Nouvel Observateur aux cris de « Hollande nazi » et « Hollande fasciste » et ont poursuivi toute la journée la journaliste Caroline Fourest, allant jusqu’à bloquer durant quarante minutes le TGV dans lequel elle avait pris place. À Bordeaux, de 200 à 300 personnes sont venues manifester sous les fenêtres de la ministre Michèle Delaunay tandis qu’à Toulouse les manifestants ont défilé à bord d’un cortège de 150 voitures. L’agression à Paris d’un militant anti-mariage pour tous, finalement d’origine crapuleuse, a par ailleurs contribué à enflammer les esprits, notamment sur les réseaux sociaux.

     

    Pour la porte-parole du collectif, Frigide Barjot, la « violence vient du gouvernement». « À la violence, il ne faudra pas s’étonner que réponde la colère », a-t-elle expliqué tout en tentant un peu plus tard de calmer les esprits et d’appeler les opposants au projet à avancer la manifestation nationale à début mai.

     

    « Toutes les limites de la loi et de la raison ont été dépassées », a regretté hier le PS, dénonçant « les ambiguïtés et les silences de la droite » à l’égard de certaines dérives tandis que le premier ministre Jean-Marc Ayrault a appelé l’UMP à ne « pas se laisser entraîner dans la voie d’une radicalisation qui serait dangereuse pour la République ».

     

    CÉLINE ROUDEN (LA CROIX, 15/04/2013)

     

     

     

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