• Les anges

     

    LES ANGES

    Un ange remet à St Jean le rouleau de l'Apocalypse

     

    Les anges

     

     Qu'est-ce qu'un ange ? Avons-nous un ange gardien ? Y a-t-il de bons et de mauvais anges ? Le P. Franck Javary, curé de la cathédrale de Nanterre, répond à Sophie de Villeneuve, dans l'émission Mille questions à la foi sur Radio Notre-Dame (23-01-2013).

     

    Les anges sont-ils des êtres réels ?

     

    F. J. : L'Eglise le croit. Nous disons dans le Credo que Dieu est le créateur de l'univers visible et invisible. Dans cet univers invisible se trouvent les anges dont nous parle l'Ecriture, dont nous parle le Christ ainsi que toute la tradition de l'Eglise.

     

     Ce sont des êtres invisibles, et créés, comme nous ?

     

    F. J. : Ce sont des créatures, des êtres spirituels non corporels, dit le catéchisme, qui n'ont pas le même mode d'existence que nous. Sans corps, ils ont un mode d'existence purement spirituel, ce qui fait qu'ils ont une relation beaucoup plus directe que nous avec Dieu. Ils peuvent voir et contempler Dieu, ils peuvent aussi le rejeter. Ils sont dans un contact immédiat et direct avec leur créateur, ce qui n'est pas notre cas.

     

     Y a-t-il une hiérarchie des anges ?

     

    F. J. : L'Ecriture parle de différentes catégories d'anges. Je pense qu'il faut surtout en retenir l'idée d'un foisonnement, d'une diversité, à l'image de la profusion que nous connaissons sur terre, et qui est un signe de la bonté et de la générosité du Seigneur. Dans la tradition chrétienne, on a aimé répertorier neuf catégories d'anges. Tout cela reste très au-delà de notre perception, mais on peut en retenir l'idée d'une différenciation, avec des anges, des archanges, des chérubins, des séraphins, etc. qui montre la bienveillance et la générosité de Dieu quand il crée.

     

     Nous avons évoqué les bons et les mauvais anges. Y a-t-il des batailles entre eux ?

     

    F. J. : Etant un être spirituel créé par Dieu, l'ange est capable de liberté. Comme nous, les anges sont libres de suivre Dieu ou non, de lui obéir ou de lui désobéir. La tradition chrétienne croit en l'existence d'anges qui ont rejeté le Seigneur, et qui sont par ce choix devenus mauvais. Et, à la tête de ces anges, nous parlons de Satan.

     

     Ces anges, bons et mauvais, quel est leur rôle ? Ont-ils un rapport avec nous ?

     

    F. J. : Le mot « ange » signifie une fonction : envoyé, messager. Nous leur reconnaissons d'abord une très belle réalité, c'est qu'ils adorent la face de Dieu, les anges bons en tout cas. Leur joie, c'est de contempler Dieu, de chanter sa gloire. A la messe, nous chantons avec le choeur des anges : « Saint, saint, saint le Seigneur ». Et puis ils sont pour nous des messagers. Dans des circonstances particulières, Dieu les charge de nous porter des messages. Nous pensons bien sûr à l'ange Gabriel, qui a porté le message de l'Incarnation.

     

     

     

    Ces anges, nous les voyons dans la Bible, dans l'art. Mais dans notre vie de tous les jours, comment reconnaître un ange ?

     

    F. J. : La Bible nous dit que c'est dans des circonstances exceptionnelles qu'un ange est envoyé. Ce n'est pas tous les jours que Dieu envoie un ange porter un message particulier. Mais nous croyons que Dieu a pour chacun de nous un ange gardien. Nous en avons le témoignage de Jésus lui-même, dans un passage rapporté par Matthieu, qui dit en parlant des tout-petits : « Ne les méprisez pas, car leurs anges voient constamment la face de Dieu. » C'est une réalité spirituelle que je crois profonde, parce qu'elle dit que le monde des anges n'a pas seulement un lien général avec nous, mais entretient avec chacun un lien plus particulier, dont l'ange gardien est un exemple : il y a au ciel un ange qui me connaît, qui veille sur moi, qui peut sans doute m'inspirer de bonnes pensées, de bonnes actions, et peut-être, dans des circonstances exceptionnelles, être le porteur d'un message particulier. Reconnaissons que c'est rare !

     

     Mais si c'est rare, comment croire à ces anges ?

     

    F. J. : Comprenons bien qu'il nous est demandé de croire en Dieu, et donc de croire aussi en la profusion de la vie qu'il a créée. Nous croyons aussi à tous ceux qui accompagnent Dieu : nous demandons aux saints de prier pour nous, et nous pouvons demander aussi aux anges de prier pour nous, de veiller sur nous, de nous soutenir... Ce sont des compagnons célestes. Dans l'amitié spirituelle, il y a ceux qui sont déjà au ciel, nos frères et sœurs les saints, et les anges qui contemplent la face de Dieu, et qui pourraient nous aider à prier, à contempler, à louer, à chanter. Pensons à eux à la messe, pour aider notre esprit à s'élever vers notre patrie céleste.

     

     Et les anges mauvais, quel est leur rôle ?

     

    F. J. : Les anges mauvais cherchent à nous entraîner dans leur choix terrible de s'être séparés de Dieu. Le mot diable signifie « diviseur », il cherche à nous diviser, à nous séparer de Dieu. Les anges mauvais veulent nous détourner de Dieu.

     

     N'est-il pas un peu dangereux de personnifier ces esprits célestes ?

     

    F. J. : Si nous ne les personnifions pas, ils ne sont pas ce que nous croyons, c'est-à-dire de vraies créatures. Bien sûr, la question du diable est délicate. Il ne faut pas laisser notre imagination voir partout et toujours des esprits mauvais à l'oeuvre. Il y aurait un certain danger à se croire tourmenté, persécuté par des esprits mauvais. C'est le Seigneur qui règne sur nos vies. Mais il est possible que nous connaissions, à certains moments, une tentation particulière en lien avec un esprit réel, personnel.

     

     Dans notre foi de tous les jours, quelle place donner aux anges ? Nous avons tout de même déjà Dieu, Jésus, la Vierge, la Trinité, l'Esprit saint. Quelle place donner aux anges dans notre vie spirituelle ?

     

    F. J. : Nous pouvons leur demander de nous aider, de nous accompagner vers le Seigneur. Nous ne sommes pas tenus de leur donner une place particulière. Cela dépend aussi de notre dévotion personnelle, de la manière dont nous aimons prier. Pourquoi préférons-nous invoquer un saint plutôt qu'un autre ? De grandes figures nous sont données à tous, la Vierge Marie n'est pas une option ! Mais dans l'immense cohorte des saints, nous pouvons avoir une amitié particulière pour saint François plutôt que pour saint Dominique. Avec les anges, c'est un peu du même ordre. Il y a leur rôle dans la vie de l'Eglise, celui que Dieu leur donne, et il y a mon inclination personnelle, qui me rend plus ou moins attentif à leur rôle spirituel. De toute façon, dans la liturgie, je suis associé à la prière des anges. Pour le reste, cela dépend de mon choix.

     

     Peut-on dire que sur terre, déjà, nous prions avec les anges ?

     

    F. J. : Bien sûr. Les anges qui sont au ciel nous aident à nous unir à l'Eglise du ciel. Nous sommes en chemin vers la vie éternelle, et les anges sont de toute éternité dans cette vie de contemplation de Dieu, ils nous attendent, ils nous appellent, ils veulent nous montrer le Seigneur. Ils sont le reflet de la splendeur de Dieu. 

     

    Propos recueillis par Sophie de Villeneuve


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  • Homélie du 29 septembre :

     26ème dimanche du temps ordinaire

     

     

     

    La liturgie de ce dimanche nous fait entendre la voix du prophète Amos. Il se fait caustique pour dénoncer « la bande des vautrés ». Ces anciens nomades sont devenus un peuple prospère. Mais cette prospérité ne profite qu’à quelques privilégiés. Le prophète Amos ne mâche pas ses mots pour dénoncer le luxe insolent des riches face à l’indigence des pauvres. Quand le droit et la justice sont à ce point bafoués, le prophète sait que le pays court à sa perte. Si Amos revenait, imaginons un peu ce qu’il dirait sur notre monde et notre société. II dénoncerait le gaspillage qui est une gifle à tous ceux et celles qui n’ont pas de quoi survivre. Nous le savons bien, les situations de précarité sont de plus en plus criantes dans le monde et même tout près de chez nous.

     

     

    L’Evangile que nous venons d’écouter met en scène un riche qui vivait dans le luxe et un pauvre qui restait couché devant son portail. La parabole ne parle pas d’un mauvais riche ni d’un bon pauvre. Lazare peut très bien être le dernier des bons à rien, crasseux et même violent quand il est sous l’emprise de l’alcool. Le riche peut très bien être un bon mari, un bon père, un bon patron. Il peut être engagé dans une association humanitaire et signer des chèques pour le téléthon. Le véritable problème est ailleurs.

     

    Comme il le fait souvent, Jésus part de ce qu’il voit. De son temps, comme au temps d’Amos, l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté. Et de nos jours, cela n’a pas changé. Dieu ne peut tolérer cette situation dramatique. Le pauvre est aussi son enfant bien-aimé. Il faut savoir que le nom de Lazare signifie « Dieu aide ». Le riche n’a pas de nom. En fait, c’est une manière de dire qu’il peut être chacun de nous.

     

    Cela ne veut pas dire que la richesse est un mal ni que le riche est un pécheur. Dans le monde de la Bible, c’est même le contraire. Etre riche et en bonne santé c’est un signe de bénédiction divine. Tout réussit à celui qui est ami de Dieu. Par opposition, les pauvres, les malades, les lépreux sont forcément des réprouvés. Rappelons-nous la question des disciples au sujet de l’aveugle-né : « qui a péché pour qu’il soit né ainsi ? » Jésus répond : « Personne. » La question est ailleurs.

     

    La richesse peut être bonne en soi. Mais elle peut devenir un péché quand elle rend sourd et aveugle. Le péché du riche c’est d’avoir transformé la clôture de son rang social en frontière infranchissable à l’autre. Il n’a rien fait de mal. Son problème c’est qu’il n’a pas vu. Ses richesses lui ont fermé les yeux, bouché les oreilles et fermé le cœur. Du coup, c’est lui le riche qui se trouve enfermé ; c’est lui qui est prisonnier ; c’est lui qui est aliéné par sa richesse.

     

    Et c’est dramatique parce que c’est son avenir éternel qui est en jeu. Il n’y aura pas de séance de rattrapage ; un jour, il verra clair parce que la mort lui aura enlevé les richesses qui l’aveuglaient. Ce jour-là, il ne pourra plus repartir à zéro. L’Evangile nous parle d’un grand abime entre lui et Lazare. Cet abime infranchissable, c’est lui, le riche, qui l’a creusé. Cette solitude dans laquelle il se trouve, c’est lui qui l’a organisée. Il s’y est complètement enfermé. Maintenant, personne ne peut rien pour lui.

     

    Cet évangile est donc pour nous un appel pressant à nous convertir. Il est urgent que chacun de nous ouvre ses yeux, ses oreilles et surtout son cœur à tous les Lazare qui sont sur notre route. Un jour, un pauvre mendiant avait affiché devant lui : « Au moins, n’ayez pas peur de me regarder ! » Ce regard qu’il attendait des passants était bien plus important pour lui que la pièce qu’on pouvait lui donner. A travers celui qui est dans le besoin, c’est Jésus qui est là. Un jour, il nous dira : « j’avais faim, j’étais malade, en prison, étranger… et vous êtes venus à  moi ». Dimanche dernier, le Christ nous recommandait de nous faire des amis avec « l’argent trompeur. Ces amis valent bien plus que toutes les richesses que nous aurons accumulées. Et surtout, ils seront là pour nous accueillir dans les « demeures éternelles ».

     

    Nous ne devons pas attendre qu’une apparition vienne nous dire qui est Lazare et où le trouver. Il est à notre porte, même s’il habite à l’autre bout du monde. Si nous ne le voyons pas, c’est que nous sommes aveuglés. Il est urgent de combler les ravins d’indifférence, de raboter les montagnes de préjugés, d’abattre les murs d’égoïsme. La grande priorité c’est de jeter des ponts, de tracer des routes, d’aller à la rencontre de l’autre. Le Christ est là pour nous accompagner car il sait bien que c’est au-dessus de nos forces personnelles. Sa mission a été de réconcilier les hommes avec le Père mais aussi entre eux. Il ne cesse de nous unir à lui mais aussi entre nous dans l’amour mutuel.

     

    Dans la seconde lecture, saint Paul nous rappelle précisément que nous serons jugés sur nos actes. A travers son disciple Timothée c’est aussi à nous qu’il s’adresse. Il nous invite à garder le commandement du Seigneur. Il s’agit pour nous de vivre « dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur ».

     

    Par ton Eucharistie, Seigneur, vient nous transformer pour que chacun de nous te voie dans ses frères quels qu’ils soient. Tu nous renvoie à Moïse et aux prophètes ; tu nous interpelles par ton Évangile mais aussi par la voix de celui qui crie sa détresse. Ouvre nos yeux et nos cœurs, libère-nous de nos égoïsmes car c’est dans le partage que nous pourrons être fidèles à ta parole. Amen.

     

    Abbé Jean Compazieu  

     


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  • Mgr Jacques BLAQUART est évêque d'Orléans depuis 3 ans; avant, il était auxiliaire du cardinal RICARD, archevêque de BORDEAUX.

    HIER SOIR IL A ÉTÉ INTERROGÉ PAR LA CHAÎNE KTO DANS LE CADRE DE "la vie des diocèses"

    En voici l'enregistrement vidéo publié par YouTube

     


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  • Le Curé et le Mort

    Livre VII - Fable 11

     

    LE CURÉ ET LE MORT (LA FONTAINE - VII,11)

     LE CURÉ ET LE MORT

    Mme de Sévigné écrivait à Mme de Grignan "Voilà une petite fable de La Fontaine, qu’il a faite sur l’aventure du curé de M. de Boufflers, qui fut tué tout roide en carrosse auprès de lui". Nous trouvons encore"M. de Boufflers a tué un homme après sa mort. Il était dans sa bière et en carrosse. On le menait à une lieue de Boufflers pour l’enterrer; son curé était avec le corps. On verse. La bière coupe le cou au pauvre curé." (cité dans "La Fontaine - Fables" - présentées par Alain-Marie Bassy, bibliographie et notes par Yves Le Pestipon, GF-Flammarion, 1995, p. 452). A ce fait divers, La Fontaine ajoute des "traits familiers" et des détails typiques.

     

    Un mort s'en allait tristement

    S'emparer de son dernier gîte;

    Un curé s'en allait gaiement

    Enterrer ce mort au plus vite.

    Notre défunt était en carrosse porté,

    Bien et dûment empaqueté,

    Et vêtu d'une robe, hélas! qu'on nomme bière,

    Robe d'hiver, robe d'été,

    Que les morts ne dépouillent guère.

    Le pasteur était à côté,

    Et récitait, à l'ordinaire,

    Maintes dévotes oraisons,

    Et des psaumes et des leçons,

    Et des versets et des répons:

    «Monsieur le Mort, laissez-nous faire,

    On vous en donnera de toutes les façons;

    Il ne s'agit que du salaire.»

    Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort,

    Comme si l'on eût dû lui ravir ce trésor,

    Et des regards semblait lui dire:

    « Monsieur le Mort, j'aurai de vous

    Tant en argent et tant en cire,

    Et tant en autres menus coûts.»

    Il fondait là-dessus l'achat d'une feuillette

    Du meilleur vin des environs;

    Certaine nièce assez popette

    Et sa chambrière Pâquette

    Devaient avoir des cotillons.

    Sur cette agréable pensée,

    Un heurt survient: adieu le char.

    Voilà Messire Jean Chouart

    Qui du choc de son mort a la tête cassée:

    Le paroissien en plomb entraîne son pasteur;

    Notre curé suit son seigneur

    Tous deux s'en vont de compagnie.

     

    Proprement toute notre vie

    Est le curé Chouart qui sur son mort comptait,

    Et la fable du Pot au Lait.

     

    Des leçons:  Courtes prières.

     

    Messire Jean Chouart: Une autre façon de nommer le pénis chez Rabelais ("Pantagruel", XXI "Tenez, voici Messire Jean Chouart qui demande logis" et le "Quart Livre", LII) . Le curé pense spécialement à Pâquerette (voir plus bas).

     

    Une feuillette: une fillette, c'est-à-dire une carafe.

     

    Popette :"proprette" en langage familier.

     

    Le paroissien en plomb: Dans un cercueil de plomb.


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  • La cathédrale, un pilier pour la ville

     

    CATHÉDRALES

     CATHÉDRALE DE QUIMPER

     

     

     

    Il s’agit de fédérer les 188 villes françaises possédant une cathédrale pour obtenir de meilleurs entretiens et rénovations de ces édifices.

     

    La cathédrale est, pour de nombreuses villes françaises, le monument le plus visible et le plus central de la cité, parfois le plus visité. C’est forte de ce constat que la Fédération des villes moyennes (FVM) organise un colloque, ce mercredi 25 septembre 2013, à Paris, sur le thème de « La cathédrale dans la ville ». Restauration de ces édifices majeurs, attractivité touristique, dialogue entre l’État, le plus souvent propriétaire des cathédrales, l’Église, affectataire et le maire, « dépositaire », selon le mot de Bernard Poignant, maire de Quimper, sont autant de thèmes qui seront abordés. Mais ce sera aussi l’occasion de créer un « réseau des villes cathédrales » pour fédérer les communes françaises possédant un tel édifice sur leur territoire.

     

    « LES HABITANTS SONT TRÈS ATTACHÉS À LEUR CATHÉDRALE, MÊME S’ILS NE SONT PAS CATHOLIQUES »

    « Il s’agit de nous unir pour obtenir un maximum de financements pour l’entretien et la rénovation des cathédrales et de leurs abords, mais aussi de leur donner une visibilité, explique Christian Pierret, maire de Saint-Dié-des-Vosges et président de la FVM. C’est aussi l’occasion de solliciter l’État pour qu’il fasse son travail, c’est-à-dire qu’il achève les restaurations. »

     

    En France, 188 communes disposent d’une cathédrale. Parmi elles, 90 sont propriétés de l’État, 79 des communes (notamment des cathédrales d’anciens diocèses désormais rattachés à un autre siège épiscopal, comme à Noyon ou à Dol-de-Bretagne). Les autres appartiennent à diverses collectivités territoriales, voire à l’Église pour les plus récentes, comme à Évry, en région parisienne. Mais, quel que soit le propriétaire, ce sont des monuments « très souvent au cœur de la ville, qui en façonnent l’urbanisme, avec une place ou un parvis qui peut être un lieu de ralliement », explique Bernard Poignant. « Je constate que les habitants sont très attachés à leur cathédrale, même s’ils ne sont pas catholiques. Il est important que ces monuments soient bien entretenus et rénovés », ajoute le maire de Quimper, dont la cathédrale vient de connaître vingt ans de restauration, de 1989 à 2009. C’est pour cela que « les questions de restauration se posent au maire, notamment en ce qui concerne les alentours de l’édifice », ajoute Christian Pierret.

     

    « C’EST UN LIEU DE CULTE, QUI, EN TANT QUE TEL, NE REGARDE PAS LE MAIRE. MAIS C’EST AUSSI UN FORT SYMBOLE D’UNE ASPIRATION D’UNE VILLE À LA SPIRITUALITÉ »

    « La cathédrale est souvent un résumé de l’histoire locale », explique Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, qui représentera la Conférence des évêques de France lors du colloque et se dit « heureux qu’on se préoccupe du patrimoine religieux ». « C’est un lieu de culte, qui, en tant que tel, ne regarde pas le maire. Mais c’est aussi un fort symbole d’une aspiration d’une ville à la spiritualité », ajoute Christian Pierret, qui n’hésite pas à parler de la « spiritualité laïque » de ce « lieu de convergence des regards qui s’élèvent ».

     

    « À Saint-Brieuc, la cathédrale, qui est l’un des seuls bâtiments anciens, a un vrai impact touristique », reconnaît le P. Antoine Le Meur, curé de la cathédrale, qui participera au colloque « à la demande de la mairie, qui souhaite m’associer à sa réflexion ». Signe de la bonne entente entre l’affectataire de l’édifice et la municipalité. Car la question de ces relations sera également évoquée aujourd’hui. « Ce sera l’occasion de se parler pour dédramatiser certaines situations, comme les relations entre l’office de tourisme et l’affectataire pour la visite du trésor de la cathédrale, par exemple, ou l’autorisation de concert dans l’édifice », explique Élisabeth Coquaz, chargée d’études à la FVM, qui insiste sur le partenariat souhaité avec l’Église pour le lancement de ce réseau.

     

    « L’ÉGLISE A LA SPÉCIFICITÉ DE FAIRE VIVRE CES ÉDIFICES POUR LA RAISON POUR LAQUELLE ILS ONT ÉTÉ CONSTRUITS »

    « Il y a des accords à mettre en route, notamment sur les conditions dans lesquelles le public est accueilli, poursuit Mgr Doré. Mais ce qui est sûr, c’est que le curé est affectataire et que les choses doivent être négociées avec lui si autre chose que le culte doit être organisé. » « Si l’on peut rendre service et si le lieu le permet, je ne vois pas d’inconvénient à mettre la cathédrale à disposition d’événements culturels », raconte le P. Le Meur, qui détaille les conditions pour donner son accord : « Il faut que ce soit dans le respect des lieux et de la liturgie. Dans le cas contraire, j’examine si un autre lieu ne serait pas plus approprié, comme une salle des fêtes. »

     

    Autre type de relation entre la mairie et l’affectataire, à Tours, où l’association Présence de la cathédrale organise des visites de l’édifice en complément de celles organisée par l’office de tourisme. « Nous nous entendons bien, explique Françoise Thialliez, vice-présidente de l’association. Nous nous renvoyons mutuellement les visiteurs s’ils veulent une visite avec une dimension spirituelle, ce que nous proposons, ou souhaitent quelque chose de plus rapide, comme ils visiteraient un château ou un musée. » Car Mgr Doré le rappelle : « L’Église a la spécificité de faire vivre ces édifices pour la raison pour laquelle ils ont été construits. »

     

    Clémence Houdaille (Urbi et Orbi)

     


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