• Chers frères et sœurs,

    Chers jeunes !

     

    JMJ RIO : HOMÉLIE DU PAPE LORS DE LA MESSE D'ENVOI

    « Allez, et de toutes les nations faites des disciples ». Par ces mots, Jésus s’adresse à chacun de vous en disant : « cela a été beau de participer aux Journées mondiales de la Jeunesse, de vivre la foi avec des jeunes provenant des quatre coins du monde, mais maintenant tu dois aller et transmettre cette expérience aux autres ». Jésus t’appelle à être disciple en mission ! Aujourd’hui, à la lumière de la Parole de Dieu que nous avons entendue, que nous dit le Seigneur ? Que nous dit le Seigneur ? Trois paroles : Allez, sans peur, pour servir.

     

    1. Allez

     

    Ces jours-ci, à Rio, vous avez pu faire la belle expérience de rencontrer Jésus, et de le rencontrer ensemble ; vous avez senti la joie de la foi. Mais l’expérience de cette rencontre ne peut rester renfermée dans votre vie ou dans le petit groupe de votre paroisse, de votre mouvement, de votre communauté. Ce serait comme priver d’oxygène une flamme qui brûle. La foi est une flamme qui est d’autant plus vivante qu’elle se partage, se transmet, afin que tous puissent connaître, aimer et professer Jésus-Christ qui est le Seigneur de la vie et de l’histoire (Cf. Rm 10, 9).

     

    Cependant attention ! Jésus n’a pas dit : si vous voulez, si vous avez le temps, allez, mais il a dit : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples ». Partager l’expérience de la foi, témoigner la foi, annoncer l’Évangile est le mandat que le Seigneur confie à toute l’Église, et aussi à toi. Mais c’est un commandement, qui ne vient pas d’un désir de domination, d’un désir de pouvoir, mais de la force de l’amour, du fait que Jésus en premier est venu parmi nous et ne nous a pas donné quelque chose de lui, mais il nous a donné lui-même tout entier ; il a donné sa vie pour nous sauver et nous montrer l’amour et la miséricorde de Dieu. Jésus ne nous traite pas en esclaves, mais en personnes libres, en amis, en frères ; et non seulement il nous envoie, mais il nous accompagne, il est toujours à nos côtés dans cette mission d’amour.

     

    Où nous envoie Jésus ? Il n’y a pas de frontières, il n’y a pas de limites : il nous envoie à tous. L’Évangile est pour tous et non pour quelques-unes. Il n’est pas seulement pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tous. N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous, il veut que tous sentent la chaleur de sa miséricorde et de son amour.

     

    Plus particulièrement, je voudrais que cette demande du Christ : « Allez » résonne en vous, jeunes de l’Église d’Amérique latine, engagés dans la mission continentale promue par les évêques. Le Brésil, l’Amérique latine, le monde a besoin du Christ ! Saint Paul dit : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16). Ce continent a reçu l’annonce de l’Évangile, qui a fait son chemin et a porté beaucoup de fruits. Maintenant cette annonce est confiée aussi à vous, pour qu’elle résonne avec une force renouvelée. L’Église a besoin de vous, de l’enthousiasme, de la créativité et de la joie qui vous caractérisent. Un grand apôtre du Brésil, le bienheureux José de Anchieta, est parti en mission quand il avait seulement dix-neuf ans. Savez-vous quel est le meilleur instrument pour évangéliser les jeunes ? Un autre jeune. Voilà la route que tous vous devez parcourir.

     

    2. Sans peur

     

    Quelqu’un pourrait penser : « je n’ai aucune préparation spéciale, comment puis-je aller et annoncer l’Évangile ? » Cher ami, ta peur n’est pas très différente de celle de Jérémie, venons-nous d’entendre dans la lecture, quand il a été appelé par Dieu pour être prophète. « Oh ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je ne suis qu’un enfant ». Dieu dit, à vous aussi, ce qu’il a dit à Jérémie : « ne crains pas (…) car je suis avec toi pour te délivrer » (Jr 1, 7.8). Il est avec nous !

     

    « N’aie pas peur ! » Quand nous allons annoncer le Christ, c’est lui-même qui nous précède et nous guide. En envoyant ses disciples en mission, il a promis : « Je suis avec vous tous les jours » (Mt 28, 20). Et cela est vrai aussi pour nous ! Jésus ne laisse jamais personne seul ! Il nous accompagne toujours.

     

    De plus, Jésus n’a pas dit : « Va », mais « allez » : nous sommes envoyés ensemble. Chers jeunes, percevez la présence de l’Église tout entière et de la communion des Saints dans cette mission. Quand nous affrontons ensemble les défis, alors nous sommes forts, nous découvrons des ressources que nous ne pensions pas avoir. Jésus n’a pas appelé les Apôtres pour qu’ils vivent isolés, il les a appelés pour former un groupe, une communauté. Je voudrais m’adresser aussi à vous, chers prêtres, qui concélébrez avec moi cette Eucharistie : vous êtes venus accompagner vos jeunes, et cela est beau de partager cette expérience de foi ! Elle vous a certainement rajeunis tous. Le jeune transmet la jeunesse. Mais c’est seulement une étape du chemin. S’il vous plaît, continuez à les accompagner avec générosité et avec joie, aidez-les à s’engager activement dans l’Église ; qu’ils ne se sentent jamais seuls. Et je désire remercier ici, de tout cœur, les groupes chargés de la pastorale des jeunes, les mouvements et les communautés nouvelles qui accompagnent les jeunes dans leur expérience d’être Église, si créatifs et si audacieux. Avancez et n’ayez pas peur !

     

    3. Pour servir

     

    La dernière parole : pour servir. Au début du psaume que nous avons proclamé il y a ces mots : « Chantez au Seigneur un chant nouveau » (95, 1). Quel est ce chant nouveau ? Ce ne sont pas des paroles, ce n’est pas une mélodie ; c’est le chant de votre vie, c’est le fait de laisser votre vie s’identifier à celle de Jésus, c’est avoir ses sentiments, ses pensées, ses actions. Et la vie de Jésus est une vie pour les autres, la vie de Jésus est une vie pour les autres. C’est une vie de service.

     

    Saint Paul, dans la lecture que nous venons d’entendre disait : « Je me suis fait le serviteur de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible » (1 Co 9, 19). Pour annoncer Jésus, Paul s’est fait « serviteur de tous ». Évangéliser, c’est témoigner en premier l’amour de Dieu, c’est dépasser nos égoïsmes, c’est servir en nous inclinant pour laver les pieds de nos frères comme a fait Jésus.

     

    Trois paroles : Allez, sans peur, pour servir

     

    Allez, sans peur, pour servir. En suivant ces trois paroles vous expérimenterez que celui qui évangélise est évangélisé, celui qui transmet la joie de la foi, reçoit davantage la joie. Chers jeunes, en retournant chez vous n’ayez pas peur d’être généreux avec le Christ, de témoigner de son Évangile. Dans la première lecture quand Dieu envoie le prophète Jérémie, il lui donne pouvoir « pour arracher et abattre, pour démolir et détruire, pour bâtir et planter » (Jr 1, 10). Il en est de même pour vous. Porter l’Évangile c’est porter la force de Dieu pour arracher et démolir le mal et la violence ; pour détruire et abattre les barrières de l’égoïsme, de l’intolérance et de la haine ; pour édifier un monde nouveau. Chers jeunes : Jésus-Christ compte sur vous ! L’Église compte sur vous ! Le Pape compte sur vous ! Marie, la Mère de Jésus et notre Mère vous accompagne toujours de sa tendresse : « allez et de toutes les nations faites des disciples ». Amen.

     

     (1) Les références des lectures : Jr 1, 4-10 (lue en, anglais), Ps 95 (chanté en portugais), 1 Co 9, 16-23 (lue en espagnol), Mt 28, 16-20 (chanté en portugais)

    Le pape clôture les JMJ de Rio devant plus de trois millions de fidèles

     


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  • Le pape François, à coeur ouvert

     

    LE PAPE ET LES JOURNALISTES DANS L'AVION DU RETOUR

     

     

    Rôle des femmes, accueil des homosexuels, relation avec Benoît XVI, réforme de la Curie : le pape s’est livré à un inédit jeu de questions-réponses avec la presse, dans l’avion qui le menait dans la nuit de dimanche à lundi de Rio de Janeiro à Rome, à son retour des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).

    Sur un ton libre, mais maîtrisé, il a accepté un tour d’horizon des questions d’actualité, y compris les plus brûlantes ou controversées.

     

    RIO DE JANEIRO-ROME (vol papal)

    De notre envoyé spécial

     

    Fort de son premier voyage à l’étranger, spectaculaire et réussi, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse de Rio, le pape François a improvisé, dans le vol de nuit de dimanche à lundi pour Rome, une conférence de presse – la première depuis le début de son pontificat – devant les 70 journalistes accrédités à bord. « Content et fatigué, assez », après un « voyage très bon », selon son expression, le pape est resté plus d’une heure et quart debout, micro en main, dans l’allée de l’appareil pour répondre aux questions librement posées, en italien ou en espagnol, par des journalistes de diverses nationalités.

    Par ce format, il se distingue de Benoît XVI, qui s’adressait à la presse dans l’avion du départ, par des questions filtrées en amont. Une manière, sans doute, d’illustrer « la culture du dialogue» promue durant son voyage au Brésil.

    Souriant, alternant expression sérieuse, traits d’humour et anecdotes, le pape jésuite a habilement renvoyé certaines questions de société controversées, comme l’une portant sur l’avortement et le mariage homosexuel, d’un simple mais ferme : « Vous connaissez la position de l’Église », sans s’y attarder. Il s’est en revanche étendu sur la place des homosexuels et sur le rôle des femmes dans l’Église.

    À l’aise et maîtrisant sa parole, son tour d’horizon de l’actualité, y compris la plus brûlante, des affaires de l’Église, lui a permis de prendre la défense, non de la Curie romaine dont il a entrepris la réforme, mais de ceux qui y travaillent. D’évoquer aussi, avec une grande liberté de ton, son quotidien, ses prédécesseurs et l’agenda de ses déplacements à venir. Récit.

     

    L’Église :

     

    « La femme n’est pas seulement la maternité » Interrogé sur les mesures à envisager pour accroître le rôle des femmes dans l’Église, qu’il avait évoqué la veille devant les évêques brésiliens, le pape François a répondu sur un plan théologique : « Marie est plus importante que les Apôtres (...), que les évêques. Une Église sans femmes serait comme un collège apostolique sans Marie. » « L’Église est féminine, mère, et la femme, ce n’est pas seulement la maternité, la mère de famille», a-t-il poursuivi, estimant qu’il manque encore une « théologie de la femme », sans autre précision. S’agissant de l’ordination de femmes à la prêtrise, il a rappelé que « la porte a été fermée par Jean-Paul II ».

    Sur la question des divorcés remariés, le pape a également rappelé que « les personnes divorcées peuvent communier » mais que ceux des « secondes unions » ne pouvaient pas. Il a souhaité qu’une réflexion sur la « pastorale du mariage » se poursuive, sous l’impulsion du groupe de huit cardinaux, qu’il a constitué un mois après son élection.

    Le pape a aussi abordé la place des personnes homosexuelles dans l’Église, condamnant tout rejet. « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » « Le Catéchisme de l’Église catholique dit très bien qu’on ne doit pas marginaliser ces personnes, qui doivent être intégrées dans la société. » « On doit distinguer le lobby des personnes gay », a-t-il déclaré, à propos d’accusations d’un lobby gay au Vatican : « Quels que soient les lobbys, politique, maçonnique, ils ne sont pas bons. »

     

    Le Vatican :

    « Il y a des saints à la Curie »

    Sur la réforme du gouvernement de l’Église, le pape « consulte des outsiders », personnes qualifiées extérieures au système. Il mise beaucoup sur le groupe de huit cardinaux et confirme vouloir « renforcer la synodalité ». La réforme de la Curie romaine ne signifie pas le rejet de ceux qui y travaillent. « Il y a des saints dans la Curie », a-t-il relevé, admirant des cardinaux qui « aident les pauvres de manière cachée », ont de « petits appartements », et refusant qu’un scandale cache la forêt de « gens loyaux ». « S’il y a de la résistance, je ne l’ai pas encore vue », a-t-il lancé, tout en préférant « un collaborateur disant qu’il n’est pas d’accord, (plutôt) qu’un autre disant oui à tout ».

    À propos de la remise en ordre de l’IOR, la banque du Vatican, pour laquelle il a constitué une commission, le pape a fait part de ses interrogations sur son devenir, envisageant d’en faire soit « une banque, un fonds d’aide ou (de) la fermer ». « Je ne sais pas comment cette histoire va finir », a-t-il avoué, affirmant qu’il souhaitait avant toute chose « transparence et honnêteté ». Défendant le prélat de l’IOR, Mgr Battista Ricca, qu’il a nommé en juin mais qui a été soupçonné depuis d’avoir entretenu une relation homosexuelle dans le passé, le pape a indiqué avoir diligenté une « brève investigation » en application du droit canon : « Ils n’ont rien trouvé. »

     

    Les voyages :

     

    « Attendre avant de se rendre en Argentine »

    Sans annoncer de prochain voyage, le pape latino-américain a expliqué que, revenant du Brésil, il ne retournerait pas en priorité sur son continent d’origine et devait « attendre avant de se rendre en Argentine ». Il envisage davantage l’Asie, citant les Philippines ou le Sri Lanka, où son prédécesseur était invité. Ne pouvant, pour raison d’agenda, se rendre à Istanbul le 30 novembre prochain, comme annoncé, il a évoqué un déplacement à Jérusalem, avec le patriarche de Jérusalem. En Italie, il rêverait de faire un aller-retour dans la région d’où est originaire sa famille, dans le Piémont.

     

    Sur lui-même

     

    « Je souhaiterais aller dans les rues de Rome »

     

    Est-il heureux d’être pape ?

    « Quand tu fais ce que le Seigneur veut, tu es heureux ». Se sent-il en cage ? « Tant de fois, je souhaiterais aller dans les rues de Rome mais j’ai compris que ce n’était pas possible ».

    Ne craint-il pas pour sa sécurité ?

    « Il peut toujours se trouver un fou mais je préfère prendre ce risque que d’être coupé du peuple en voiture blindée ». Se sent-il jésuite ? « Spirituellement », résume-t-il, confirmant qu’il honorera demain la fête de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Pourquoi refuse-t-il d’habiter le palais du pape ? Incapacité « psychologique » à vivre seul dans « un palais grand mais pas luxueux », répète-t-il. Le pape François a justifié l’austérité de son mode de vie, qu’il estime « nécessaire à tous ».

    Il a précisé avoir demandé à ne bénéficier d’aucune disposition particulière dans l’avion le transportant au Brésil. Interrogé sur le petit bagage à main qu’il porte, il en a détaillé le contenu : son agenda, un livre de sainte Thérèse, un rasoir. « Je n’avais pas la clé atomique », a-t-il plaisanté, estimant « normal » de voyager avec sa valise même pour un pape. « Nous devons nous habituer à être normaux. »

     

    Ses prédécesseurs :

     

    « Benoît XVI, le grand-père qu’on écoute à la maison »

    Affectueux et admiratif à l’égard de son prédécesseur, le pape François a comparé leur relation comme celle du « grand-père qu’on écoute à la maison », appréciant sa disponibilité – « s’il y a un problème, je l’appelle » – et sa discrétion : « Il ne s’immisce pas ». Évoquant aussi les canonisations ensemble de Jean XXIII et de

    Jean-Paul II, qui n’auront pas lieu le 8 décembre comme envisagé mais à l’occasion de la fête du Christ-Roi ou du dimanche de la Miséricorde divine, le pape François a brossé un portrait affectueux de Jean XXIII,  « bon prêtre de campagne », à qui il est parfois comparé.

    Sébastien Maillard, pour « La Croix » 

     


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  • Rio de Janeiro

     

    JMJ : DERNIÈRES RENCONTRES

     

    De l’un de nos envoyés spéciaux

     

    « Qu’est-ce que je souhaite comme conséquence des Journées mondiales de la jeunesse ? Je veux de la pagaille», ose lancer, dans son espagnol natal, le pape argentin à ses jeunes compatriotes réunis dans la cathédrale Saint-Sébastien jeudi dernier : « Ce qui se passe à Rio va mettre la pagaille », continue-t-il, déclarant le soir même la ville « centre de l’Église », le temps des JMJ, dont la messe de clôture hier sur la plage de Copacabana a attiré trois millions de personnes.

    De la « pagaille », le pape François en aura suscité dès son arrivée lundi dernier dans la mégapole brésilienne, où la foule fut ravie d’approcher le chef de l’Église circulant toujours fenêtre grande ouverte, assis à l’arrière d’une petite Fiat grise.

    La simplicité et la proximité du pape ont trouvé au cours de ce voyage un terrain d’expression plus ample et varié que sur la place Saint-Pierrede- Rome. Sur les écrans géants jalonnant la fameuse baie de Rio ou derrière les barrières de sécurité sur son passage, les JMjistes et le peuple brésilien ont applaudi un pape à l’aise, qui sourit, étreint, caresse, embrasse et se laisse embrasser. Et même écrase une larme. Un pape, qu’on n’ose plus appeler le souverain pontife, voulant ainsi briser auprès des Brésiliens l’image d’une « Église peut-être trop froide dans ses contacts », comme il l’a reproché, samedi, aux évêques de la région.

    « Il touche le coeur, il se met à notre niveau », apprécie Mariya Balukh, JMjiste canadienne de 23 ans, saisie par « le langage de ses gestes ». Aux ministres de l’Église aussi. « À la cathédrale, il est venu faire son homélie debout derrière l’ambon et non depuis la chaire. Du jamais vu pour un pape ! », observe avec régal un évêque présent, qui estime aussi exemplaire sa pédagogie « simple mais jamais simpliste » avec les jeunes.

    Leur faisant répéter après lui des slogans, usant d’images parlantes et de formules choc – « Jésus nous offre quelque chose de meilleur que la Coupe du monde ! » – soulevant plutôt des questions qu’assénant de réponses, le pape a de suite noué un contact direct avec ceux appelés déjà à former la « génération pape François ». Il se montre aussi excellent communicant, lorsqu’il coiffe spontanément un chapeau traditionnel offert par des Indiens du Brésil à la fin d’une rencontre avec des représentants de la société civile du pays.

    Du Brésil, même en restant pour l’essentiel à Rio, le pape latino-américain aura rencontré toutes les couches de la société. Y compris, et même d’abord, les plus marginalisées. Avec les patients d’un centre de soins pour toxicomanes mercredi,

    avec les habitants d’une favela le lendemain, avec de jeunes détenus le surlendemain. La succession de ces rencontres a imprimé à ce premier voyage une forte tonalité sociale, permettant au pape François de donner toute la mesure du nom du « poverello » qu’il s’est choisi pour son pontificat.

    Et lui permettant aussi de répondre, sans s’y laisser piéger, à la crise sociale agitant actuellement le Brésil. « Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente, il y a une option toujours possible : le  dialogue », a-t-il distingué samedi devant les forces vives du pays, les rappelant à leur « responsabilité solidaire » avec les moins bien lotis. 

    « Quand les leaders des divers secteurs me demandent un conseil, ma réponse est toujours la même : dialogue, dialogue, dialogue. » Au delà du contexte brésilien, le pape n’a cessé, au fil d’un total de quinze interventions, de promouvoir en guise de vivre ensemble une « culture de la rencontre, de la solidarité » opposée à une « culture du rebut ». Si, JMJ obligent, son voyage a d’abord été consacré aux jeunes, tout au long de sa visite, il a aussi vanté « les anciens, parce qu’ils sont la mémoire, la sagesse d’un peuple » et montré la richesse du « dialogue entre les générations ». Et, pour l’Église, du « dialogue avec le monde actuel ». « Murs, abîmes, distances encore présents aujourd’hui, sont destinés à disparaître. » La vision fraternelle de la société dépeinte par le pape au cours de ses allocutions est celle dans laquelle tombent tous les clivages. Avec l’Église pour abattre les cloisons, y compris en son sein.

    Dans une allocution prononcée samedi devant les cardinaux du Brésil et évêques de la région – l’une des plus longues de son séjour et depuis le début de son pontificat, la plus personnelle et poétique aussi –, le pape jésuite a confié ses réflexions pour faire de l’Église « un instrument de réconciliation », « capable de redonner droit de cité à tant de ses fils qui marchent comme s’ils étaient en exode ». Une Église qui creuse « le mystère difficile de ceux qui (la) quittent », une tendance de fond au Brésil où le catholicisme est en baisse constante, à l’inverse des mouvements évangéliques. Une Église qui ne réduit pas « l’engagement des femmes dans l’Église », mais promeut « leur rôle actif dans la communauté ecclésiale ». Une Église qui « n’est jamais uniformité, mais diversités qui s’harmonisent dans l’unité » Ces pistes d’un « renouveau interne de l’Église », aux allures de programme, le pape latino-américain devait encore les développer longuement hier auprès des évêques de son continent après avoir pris congé des jeunes, dont il a fait ses alliés pour cette entreprise. « Vous êtes les constructeurs d’une Église plus belle et d’un monde meilleur », leur a-t-il donné comme mission en conclusion de la vigile. Celle-ci s’est ouverte par une mise en scène des plus éloquentes du message du pape François. Une reconstitution du passage de la vie de saint d’Assise à qui le Seigneur dit : « François, va et répare ma maison. »

    SÉBASTIEN MAILLARD (pour La Croix) 

    JMJ : DERNIÈRES RENCONTRES


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    Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire

     

    Les lectures bibliques de ce dimanche se présentent à nous comme une école de prière. Nous avons tout d’abord l’intercession d’Abraham pour les habitants de Sodome. En raison de leurs péchés, ils sont promis à un châtiment bien mérité. Cette discussion entre Abraham et Dieu se présente comme un marchandage à l’orientale : Ça part de 50 et ça tombe à dix. Abraham s’efforce de faire valoir ce qu’il y a de bon dans la vie des hommes ; il croit que les justes sauveront le monde. Leur intercession a plus de poids sur le sort de l’humanité que les facteurs du mal. Abraham fait confiance à la justice de Dieu qui va jusqu’à épargner le coupable afin de ne pas châtier l’innocent.

     

     

    La ville de Sodome nous est présentée comme ce qu’il y avait de pire dans le péché. Mais quand on y regarde de près, on voit bien que le mal est toujours là. Chaque jour, les journaux, la radio et la télévision nous apportent les dernières nouvelles de la politique, de la criminalité et de la perversion. Alors que faire ? La grande tentation serait de se lamenter sur ce monde pourri. Mais Abraham nous apprend à changer notre regard. Au milieu de toute cette perversité, il y a des justes. Leur   générosité nous rappelle que rien n’est définitivement perdu.

     

    Comme Abraham, nous sommes invités à nous tenir en présence du Seigneur. La mission des communautés chrétiennes c’est précisément d’intercéder auprès de lui pour ce monde que Dieu a tant aimé. Si on aime les autres en chrétien, on se doit de les porter dans la prière. Cette prière nous aidera à changer notre regard sur eux. Comme Abraham, nous avons la ferme certitude que le petit reste des fidèles peut sauver la multitude.

     

    Malheureusement, dans son marchandage avec Dieu, Abraham n’est pas allé assez loin. Il s’est arrêté à dix justes. Mais voilà que l’apôtre Paul nous annonce une bonne nouvelle : II reste bien un juste : c’est Jésus lui-même. Par sa Passion, sa mort et sa résurrection, son salut est offert à toute l’humanité ; notre sort est lié à celui de Jésus Christ : il est ressuscité ; nous aussi, nous sommes appelés à la résurrection. Nous chrétiens baptisés, nous croyons que la force de Dieu agit aussi dans nos vies. Le Christ se présente à nous comme le seul juste qui ne se lasse jamais de faire miséricorde.

     

    L’évangile nous entraîne encore plus loin dans l’apprentissage de la prière. C’est Jésus lui-même qui nous donne l’exemple. Il prie souvent et longuement. Il lui arrive parfois d’y passer des nuits entières. Aujourd’hui, il veut nous associer tous à sa prière. C’est important car elle nous permet d’entrer dans une relation toujours plus forte et toujours plus profonde avec Dieu. On dit souvent aux personnes âgées : « Tant que vous pouvez prier, vous n’êtes pas inutiles sur cette terre. » C’est vrai, notre monde a un très grand besoin de la prière de tous.

     

    Dans la prière que Jésus nous enseigne, tout est dit sur notre relation à Dieu et aux autres. Il nous apprend à nous tourner vers lui comme vers un Père plein de tendresse. Les premières demandes nous disent que nous devons nous préoccuper du règne de Dieu, de sa gloire et de sa volonté. C’est ce qu’il y a de plus important : « Que ton nom soit sanctifié… » C’est dans notre vie et dans notre monde que la sainteté de Dieu doit être manifestée. A travers ces demandes nous exprimons notre reconnaissance au Père qui nous comble de son amour. Notre réponse doit être celle d’un amour qui cherche le triomphe de son règne.

     

    La seconde partie du Notre Père concerne nos besoins et ceux de notre monde. C’est avec confiance que nous demandons à Dieu le pain dont nous avons besoin chaque jour. Nous pensons bien sûr à la nourriture matérielle qui nous est nécessaire pour vivre. Mais saint Cyprien nous rappelle que le pain le plus essentiel c’est l’Eucharistie. Nous devons souhaiter que les chrétiens se nourrissent souvent de ce pain pour être transformés par le Christ. C’est là qu’ils trouveront toute la lumière et la force de sa grâce.

     

    « Pardonne-nous nos offenses… » Dieu se montre Père quand son pardon libère nos cœurs et nous fait revivre. Et si nous demandons le pardon, c’est parce que nous-mêmes, nous avons appris à pardonner à nos frères. « Ne nous soumets pas à la tentation… » Cette tentation c’est celle du désespoir, c’est quand nous pensons que Dieu nous abandonne. Jésus nous apprend à nous tourner vers le Père pour lui demander de nous libérer de ce mal qui cherche à nous détruire.

     

    C’est dans la prière que nous trouvons la  vraie joie. C’est par elle que nous trouvons le courage d’aimer comme Jésus et avec lui. C’est elle qui rendra notre vie digne de Dieu et féconde. Oui, Seigneur, apprends-nous à prier. Apprends-nous à nous tourner vers notre Père avec confiance et avec persévérance. Amen

     

    Abbé Jean Compazieu          


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  • JMJ : LE PAPE À COPACABANA

     

    A Copacabana, les JMJ font un triomphe au pape François

    Massés le long de la fameuse plage de Rio, les jeunes ont fait un triomphe au pape François, accueilli jeudi soir 25 juillet aux JMJ. Commentant l’évangile de la transfiguration, le pape a incité les jeunes à cultiver les trois vertus théologales, foi, espérance et charité.

     

    L’appel au partage du pape François

     

    Copacabana. Dix lettres épelant l’une des plages les plus célèbres du monde. Synonyme d’ordinaire de site balnéaire hédoniste, de maillots tanga et de jus de coco. Lieu mythique des plus improbables pour un chemin de croix, prévu ce vendredi 26 juillet. Mais le propre de la « nouvelle évangélisation », auxquelles participent les JMJ, est d’oser investir de tels endroits. La foule de jeunes, massée jeudi soir le long des quatre kilomètres de la plage et dans les rues alentours, pour accueillir le pape François, a montré que même en semaine, un soir d’hiver venteux, frais et bruineux, Copacabana pouvait devenir un grand lieu de fête internationale.

     

    Et offrir un cadre paradisiaque aux JMJ. Avec des vagues superbes s’échouant à quelques mètres seulement de la scène, où les chanteurs se sont succédé en attendant l’arrivée en papamobile de « Francesco ». Avec, en guise d’horizon, des mornes surgissant de l’océan comme d’immenses carapaces et l’incontournable pain de sucre pointant vers le ciel.

     

    FETE DE LA JEUNESSE

     

    « Il est bon pour nous d’être ici ! », a repris le pape au début de son intervention, reprenant la parole de Pierre au Christ dans l’évangile de la Transfiguration lue juste auparavant. Souriant, applaudissant aux chorégraphies, évoquant les régions et l’histoire du Brésil, le Successeur de Pierre trouvait manifestement bon d’être là, témoin d’une telle fête de la jeunesse. Celle-ci culminera lors de la veillée samedi 27 transférée au final sur cette même plage de Copacabana, comme l’eucharistie dominicale de clôture, le mauvais temps ayant rendu impraticable le terrain extérieur initialement prévu. Copacabana avait déjà accueilli la messe d’ouverture des JMJ mardi 23 juillet.

     

    « Cette semaine, Rio devient le centre de l’Eglise », s’est exclamé le pape latino-américain en introduction, fidèle à son texte rédigé en portugais et improvisant brièvement en espagnol. « Je suis venu pour vous confirmer dans la foi au Christ », a-t-il expliqué, en référence à sa définition du rôle de l’évêque de Rome. «  Mais je suis venu aussi pour être confirmé par l’enthousiasme de votre foi ! », a ajouté celui qui demande instamment à ses interlocuteurs de prier pour lui depuis le début de son pontificat.

     

    FAUSSES IDOLES

     

    Evoquant l’Année de la foi, dans laquelle s’inscrivent ces JMJ, le pape a développé le sens des trois vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité, reprenant ses mises en garde contre les fausses idoles : « L’avoir, l’argent, le pouvoir peuvent donner un moment d’ébriété, l’illusion d’être heureux ; mais, à la fin, ce sont eux qui nous possèdent et nous poussent à avoir toujours plus, à ne jamais être rassasiés ».

     

    Retrouvant ses accents pastoraux, le pape a insisté sur la transformation intérieure que procure la foi : « En apparence rien ne change, mais au plus profond de nous-mêmes tout change ». « La foi est révolutionnaire ! », a-t-il résumé, devant la foule des jeunes mais aussi un pareterre, aux premiers rangs, d’évêques et cardinaux du monde entier et de représentants d’autres confessions religieuses.

     

    HOMMAGE A SOPHIE MORINIERE

     

     « Il est bon pour nous d’être ici », a repris le pape en conclusion, la plage de Copacabana évoquant aussi ce soir-là pour lui « la rive du lac de Tibériade ». Celle sur laquelle Jésus appela ses premiers disciples. Une image très évocatrice pour des JMJ axées sur l’appel du Christ : « De toutes les nations, faites des disciples ! ».

     

    Bruyante, joyeuse, la fête d’accueil de ces journées aura su aussi observer une minute de silence, à l’invitation du pape, en mémoire de la jeune Sophie Morinière et des blessés de l’accident d’autocar en Guyane.

     

    Sébastien Maillard (à Rio de Janeiro, Brésil) – pour « La Croix »

     


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